Thé et framboises

Est-ce que vous connaissez le Wwoofing ? C'est une sorte de « nouvelle » forme de tourisme. Un acronyme anglais qui signifie qu'on travaille volontairement dans une ferme bio en échange du gîte et du couvert.

Comme je suis malheureusement trop vieux pour le working visa qui fait le bonheur des français moins de trente ans qui vont travailler quelques mois pour gagner de l'argent en Australie (c'est parmi les pays éligibles au Working Visa celui qui paye le mieux en ce moment), je ne pouvais pas profiter de l'expérience. Avant même de partir, j'avais donc déjà prévu, à défaut de pouvoir profiter des joies de la cueillette de fruits australiens, de faire, en échange, du wwoofing en Argentine.

Comme ça se passe ? On s'inscrit sur le site internet moyennant une cotisation annuelle. Puis on reçoit les coordonnées des différentes fermes et le formulaire de « motivation ». C'est tout juste s'il ne faut pas envoyer son CV !

Des offres de wwoofing en Argentine, il y en a des centaines. Autant dire que choisir, celles pour lesquels on veut postuler est un tâche longue et compliquée. Il semble que beaucoup de fermes considèrent que le wwoofing est un moyen de faire travailler des saisonniers « à l'oeil ». Ils demandent de disposer de compétences en agriculture et parlent de cadence de travail correspondant à un vrai travail (et qui nécessiterait donc un « vrai » salaire et pas seulement le gîte et le couvert). Ça me permet d'en éliminer une bonne partie. Certaines donnent l'impression d'être des sortes de communautés sectaires . Ça en élimine d'autres(et je me demande s'il y a quelqu'un qui regarde les annonces de ferme avant de les publier sur le site !). Certaines demandent de rester un mois minimum. Sans moi. Bref, je fais un gros tri préalable. Parmi le nombre restant, j'en trouve une qui me tente bien. La chance est avec moi, ils me répondent positivement.

Je vais donc passer 15 jours près de Nono, une ville dans la région de Cordoba (à tout de même trois heures de bus de Cordoba). Précisément, à Lonce Hue del Lago. Je me retrouve dans la famille Von Herrman. Oui, le nom n'est pas du tout à consonance hispanique, mais l'Argentine est un pays d'émigration. Ils possèdent des origines autrichiennes, et aussi françaises. Ainsi, Paty la mère parle un peu français, ce qui aide beaucoup vu mon niveau d'espagnol.

La famille se complète avec les enfants Barbara et Bernardo, de mon âge. Ils cultivent principalement des framboises et possèdent une dépendance qui fait office de salon de thé, la casa de té. Les clients viennent le week-end pour prendre le thé et une part de tarte maison.

Vu la saison, je n'ai pas grand chose à faire au sujet des framboises. Un peu de désherbage un matin en deux semaines. La dépendance est en plein travaux quand j'arrive, et je vais surtout faire du nettoyage et de la peinture. Et les week-ends, j'aide un peu au service, principalement à la plonge. C'est le début de la saison, donc ce n'est pas encore le rush.

Ces deux semaines passent très vite quand j'y repense. Ça fait du bien de se poser quelque part, et d'y rester plus de 5 jours. Je suis accueilli comme un roi et je partage le quotidien de la famille. La télé, où je découvre l'allocution télévisée de la présidente (assez surréaliste, elle apparaît en compagnie d'une peluche de pingouin, et à un instant sort du champ pour... aller chercher son chien ! Et puis revient, et semble plus concentrée à jouer avec lui qu'à parler à la caméra). Je découvre ensuite les émissions satiriques qui vont tourner en dérision l'allocution (comme si c'était nécessaire de ridiculiser encore plus cette allocution).

Toute la famille adore la région et sait transmettre cette passion. Ils me font visiter le coin, les villes et villages voisins. Je vois des paysages magnifiques. Je visite un musée très original, le musée Rocsen, qui est un musée sur... tout ! Des collections hétéroclites dans différentes pièces : de la collection d'insecte, à la collection de minéraux, en passant par une collection de vieux gramaphones, etc. Enfin bon, vous avez saisi.

C'est l'occasion pour moi de goûter enfin à la boisson locale, le maté, qui ressemble au thé et se boit dans une sorte de grande tasse. On mets les feuilles de maté, et on ajoute de l'eau chaude, puis on mélange et on boit avec une cuillère en métal qui fait également office de paille. C'est une boisson conviviale qu'on se passe de main, un peu comme le calumet de la paix. On voit souvent des argentins dans les bus avec leur tasse et un thermos d'eau chaude, pour remplir la tasse d'eau chaude au fur et à mesure.

J'ai l'occasion de participer à des soirées familiales, et même si je ne comprends pas toujours tout ce qu'on dit, l'hospitalité e la sympathie argentines sont impressionnantes ! Je suis toujours parfaitement accueilli.

Même les 3 chiens et les 2 chats sont adorables avec moi, c'est dire.

Si jamais vous vous trouverez près de Cordoba et que vous voulez boire le meilleur thé du monde, avec des tartes délicieuces, servies par une famille accueillante, j'ai l'adresse qu'il vous faut. Mais après deux semaines de vie tranquille, il est temps de me remettre sur la route.  

Comments

[Ranma]

Ah les délices de Nono ! ;)

J'avais mal compris, je croyais que Paty parlait couramment français, mais c'est déjà pas mal. Ca doit faire du bien quand tu es paumé dans la pampa en ne maîtrisant pas trop la langue locale.